Les rats

Une bande de rats avaient élu domicile dans les murs d’une maison de banlieue depuis plusieurs mois. Les affaires allaient bon train, la colonie se multipliait, la nourriture abondait : le vrai rêve américain. Un jour, un des membres de la colonie vint s’adresser aux autres en leur disant :

- Mes amis, l’heure est grave. Je sais que tout semble aller pour le mieux, que nous sommes ici depuis assez longtemps, mais j’ai remarqué plusieurs choses étranges qui me font croire que nous avons été repérés et qu’on a pris des mesures contre nous. En effet, j’ai remarqué un changement dans le goût de l’eau de la fuite du mur ouest. Aussi, je trouve étrange de trouver éparpillés sur le sol des morceaux de fromage qui ont le même goût bizarre, sans que l’on ait besoin d’aller le chercher dans les poubelles ou les armoires, comme d’habitude. Enfin, il n’est jamais arrivé que les propriétaires quittent leur demeure pour si longtemps. Pour toutes ces raisons, je crois qu’il faut abandonner la colonie et aller s’établir ailleurs, ce que je ferai ce soir même, avec tous ceux qui sont d’accord.

- (Les autres) Ouah ! Qu’est-ce que tu vas nous trouver là, toi ? Tu nous as déjà fait partir en panique du dernier logis que nous avions, parce que tu imaginais que Sam, qui avait été trouvé assommé, avait été tué par un piège ou quelque chose du genre. Voilà que tu recommences, alors qu’ici tout va si bien ! Vraiment, tu cherches des poux !

- Vous dites que tout va bien, mais il ne faut pas oublier que Mary et Paul ont disparu hier, en plus de George la semaine passée. Quelque chose se trame, c’est évident.

- Tu es une vraie hyène, John ! Toujours à trouver des problèmes qui nous dérangent, alors qu’il serait si facile de jouir du confort, difficilement acquis par ailleurs, avec nous !

- Tant pis alors. Je vous aurai averti, pour ma part, je veux vivre plus d’un an. Adieu donc.


John parti le soir même, vagabondant à la recherche d’un autre endroit.

Quelques jours plus tard, le poison à rat avait décimé toute la colonie.