Guide du touriste en @Comment vous loger et mangerVous avez l'habitude de visiter le monde sans avoir à changer d'hôtel ? Je veux dire que vous pourriez vouloir rester partout dans le même type d'hôtel, dans les grandes chaînes américaines ou européennes, et peut-être dans la même chaîne, de façon à ne pas devoir vous adapter à un nouvel environnement. Si c'est le cas, il vous faudra faire une exception pour votre voyage en @, où ces hôtels sont presque inexistants. Vous croirez peut-être qu'on les a interdits. Je ne le crois pas. Mais ils ne se sont pas installés dans ce pays. Ne m'en demandez pas les raisons, je ne connais pas les secrets de leurs administrations, quoiqu'on puisse deviner certains inconvénients qu'ils trouveraient à faire fonctionner leurs hôtels ici. Tout d'abord ils doivent être gênés comme toutes les grandes entreprises par le fait qu'on ne peut acheter le terrain, mais qu'il faut le louer. Ensuite, ils sont confrontés à la difficulté, dont se plaignent toutes les entreprises étrangères, de trouver des employés acceptant d'être salariés dans un pays où c'est contre les mœurs. Enfin les lois sur les personnes morales sont très différentes de celles des autres pays et très désavantageuses par comparaison, aux yeux des grandes entreprises. Quoi qu'il en soit, il faudra vous faire à l'idée de loger dans des hôtels du lieu, aux noms inconnus de vous, et souvent de dimensions plus modestes. D'ailleurs vous n'aurez pas à vous plaindre du confort, et une fois passé le premier moment de surprise, vous apprécierez certainement comme moi leur charme. Mais, comme je le signalais, vous n'y trouverez guère d'employés salariés. Et il faut s'y habituer et si possible être averti de quelques erreurs à ne pas commettre dans vos rapports avec vos hôtes. Le mieux est de vous dire toujours que, peu importe à qui vous avez affaire, aux réceptionnistes, aux serveurs du bar, aux femmes de chambre, etc., il faut les respecter comme s'ils étaient le patron de l'hôtel. Pour des raisons qu'il serait long d'expliquer, c'est à peu près ainsi qu'ils se sentent, et vous risquez fort de blesser leur susceptibilité si vous cherchez à les traiter autrement, comme de simples employés insignifiants de chez vous qu'on regarde un peu de haut. Encore une fois, ce ne sont pas des employés, mais des travailleurs indépendants. Alors, même si vous êtes très riche et si vous êtes arrivé dans une voiture de luxe prestigieuse, évitez de leur faire sentir que vous vous croyez supérieur à eux. Ils n'hésiteront pas à vous remettre à votre place, parfois avec humour, parfois d'une manière très désagréable (ou les deux ensemble). Par exemple, si vous venez d'un pays où la pratique du pourboire est généralisée ou tolérée, renoncez-y tout à fait, et scrupuleusement (ne laissez pas même la petite monnaie). En @, donner un pourboire à quelqu'un est insultant, tout simplement, et cela même si vous êtes au bar ou si quelqu'un vous a rendu un service particulier. Une partie des histoires horribles de la supposée impertinence qu'on entend de touristes ignorants des mœurs d'ici, vient souvent de l'indignation qu'ils ont provoquée par leur attitude jugée condescendante, comme celle de donner un pourboire. Et vous imaginez combien le séjour d'un malheureux touriste qui n'aurait pas compris son erreur à la première mésaventure de ce genre et qui aurait persisté dans ces mauvaises manières, s'en trouverait désespérément gâché. C'est pourquoi faites très attention à cela, et si une maladresse vous échappe, excusez-vous, et ne vous croyez pas l'objet d'une haine injustifiée de la part de ceux qui vous rabroueront. Je parlais de l'hôtel, mais cette règle de conduite vaut partout en @, au restaurant, dans les magasins et les taxis, avec les livreurs... partout. Alors que faire si vous avez à vous plaindre du service rendu, à l'hôtel, dans un restaurant, ou n'importe où ? Aucun problème, plaignez-vous franchement, cela s'entend parfaitement chez eux, pourvu que vous ne le fassiez pas arbitrairement, par un caprice tyrannique, et que vous ne profitiez pas de l'occasion pour tenter de rabaisser indûment le fautif. Si vous ne pouvez vous retenir de jouer ce jeu, vous ne risquez pas la punition de la loi, bien sûr, mais vous entrez dans une joute où l'on ne vous ménagera pas et où si vous n'êtes pas très habile, c'est vous qui vous ferez ridiculiser. A vous alors d'assumer les inconvénients de votre humeur ou de votre attitude. Quant aux restaurants, les conseils sont les mêmes. Vous ne trouverez pas non plus les grandes chaînes de chez nous, mais des établissements très divers, avec des cuisines très variées, où vous pourrez facilement satisfaire vos propres goûts. Outre le fait qu'on n'y donne pas de pourboire et que les serveurs et les serveuses ne se sentent pas vos inférieurs, il faut noter aussi qu'on y est souvent fier de la pureté de sa cuisine, et qu'on pourrait se moquer de vous si vous demandiez quelque chose d'inapproprié, comme du Coca Cola ou du ketchup avec de la cuisine française ou italienne. Ce serait signe d'une parfaite inculture culinaire, voire, si vous insistiez, d'une arrogance insultante à l'égard de l'art, un peu comme si vous prétendiez jouer à la balle dans un musée. Si vous désirez de la cuisine américaine, désolé, les touristes américains sont trop peu nombreux pour qu'il se soit installé dans ce pays plus que quelques assez rares libre-service où l'on puisse s'en nourrir. Vous les trouverez facilement néanmoins, comme tous les autres restaurants, sur internet. Pour faire votre marché, c'est une situation semblable. Il y a quelques grandes surfaces, mais bien plus de magasins petits ou moyens. A l'intérieur, ne vous attendez pas au bariolage auquel vous êtes habitué, on garde beaucoup de sobriété dans l'emballage des produits. Ne croyez pas que ces plus petits commerces soient vieillots. Ce sont souvent des libre-service, et on y trouve fréquemment des caisses automatiques en libre-service, de sorte que si vous êtes d'humeur taciturne, vous n'avez besoin de parler à personne. Vous remarquerez vite que les gens du lieu vont principalement se ravitailler sur les marchés, qui sont nombreux et ouverts tous les jours, certains à l'air libre, sur des places réservées à cet usage, d'autres dans de grandes halles. Vous y trouverez les produits du lieu, vendus souvent par les producteurs eux-mêmes. Vous savez qu'on a accordé une grande attention aux manières de rendre le pays autonome pour sa subsistance, de sorte qu'on fait pousser une extrême variété de fruits et de légumes qui chez nous viennent de nombreux endroits et souvent de loin. Vous y apprécierez le sentiment d'un contact avec la campagne. Mais ne vous étonnez pas de voir chez les bouchers des pièces importantes, et des animaux entiers, car on ne cherche pas à faire oublier, comme sur nos étalages, que la viande est la chair des animaux. Ici, c'est l'agitation des vieux marchés européens, les cris des marchands, les échanges de recettes devant l'étalage, la bigarrure de la foule, les odeurs des épices, et peut-être oublierez-vous même un moment que vous êtes en @. |