*Association internationale des psychiatres, pharmaciens et producteurs pharmaceutiques
CONFÉRENCE DE PRESSE DU Dr LUC NOSIOPE MdObstacles à la vente de nos produits en @Chers confrères et partenaires, je vous souhaite la bienvenue à cette série de conférences annuelles des psychiatres, pharmaciens et représentants des plus grands producteurs pharmaceutiques au monde. Cette année, mon thème sera un peu spécial, car le juge de la Cour Internationale du Libre Marché (CILM) contre les pratiques du pays liberticide de @ vient de rendre son verdict : apparemment, étant donné que @ n’a signé aucun des traités internationaux en faveur du libre marché, qui forcent les États soit à payer d’énormes amendes s’il est démontré que leurs lois provoquent des pertes à certaines entreprises, soit à changer leurs lois pour ne plus provoquer ces pertes, il semble que nous ne pourrons pas réussir à forcer légalement leurs frontières pour y vendre nos produits pharmaceutiques. Même les sanctions économiques ne fonctionnent pas, car les @ réagissent à celles-ci en comprimant leurs propres exportations à la hauteur des sanctions, ce qui nous empêche d’acheter le matériel technologique de très haute qualité dont ils sont spécialistes, qui est tout à fait crucial pour notre industrie. Vous connaissez évidemment l’histoire, mais j’en résume les quelques lignes. Depuis les années soixante, les ventes de médicaments se sont multipliées plusieurs fois et nos affaires, d’abord limitées à une ville ou un village, sont devenues internationales, favorisées par la protection sévère de nos brevets qu’offrent les lois en vigueur aux États-Unis, qui les imposent par la force à l’internationale. C’est cela qui permet d’empêcher le vol de nos formules et ainsi de contrôler complètement, à l’échelle mondiale, les prix de nos produits, qui coûtent souvent une infime fraction du prix à produire, une fois inventés. De plus, la privatisation des universités nous a permis d’investir massivement de manière à ce qu’on y enseigne nos façons de faire ainsi qu’à engager au rabais des étudiants dans les laboratoires universitaires, ce qui a grandement diminué les dépenses liées à la recherche. De même, la collaboration entre pharmacien, psychiatres et producteurs pharmaceutiques dans la création de la toute nouvelle cinquième édition du Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-V) a facilité et accéléré la découverte et le diagnostic des maladies mentales et leur traitement par la médicalamentation (sic), multipliant par cinq le nombre de maladies mentales et par trois nos ventes dans les cinq dernières années. Aujourd’hui, la santé mentale est un thème récurrent dans les grands médias, les écoles primaires engagent des psychologues et les enseignants organisent des rencontres dès qu’un problème, même mineur, est rencontré. De plus, les tabous entourant la prise d’antidépresseurs ou de médicaments stimulants n’existent pratiquement plus, si bien que les statistiques récentes montrent que plus de la moitié de la population des pays occidentaux en a déjà pris et que l’âge du premier diagnostic diminue toutes les années. C’est ainsi que nous contribuons à diminuer la souffrance de la population entière ! Toutefois, l’État de @, que je diagnostiquerais d’emblée comme ayant un trouble du comportement d’argumentation défiant l’autorité, pose problème, puisqu’aucune des stratégies précédemment décrites n’a eu d’impact chez lui. En effet, il ne respecte pas les normes américaines des brevets, et ses scientifiques se permettent de copier sans vergogne nos formules, quand cela leur semble avantageux. De plus, ses universités ne sont pas privées. Entièrement contrôlées par l’État, elles n’enseignent ni la pharmacie, ni même la médecine comme telle, mais plutôt un curieux mélange de nos sciences, nous empêchant de diriger comme nous le faisons ici les programmes de formation. De toute façon, ces institutions d’enseignement et de recherche refusent complètement les subventions visant à engager des chercheurs au profit d’une compagnie privée. Impossible donc de leur faire faire nos recherches à bas prix. Pire encore, les scientifiques de ce pays ne reconnaissent pas du tout nos définitions de troubles mentaux, refusent entièrement tous les DSM, mais aussi la psychanalyse, la méthode cognitivo-comportementale et toutes nos méthodes de traitement psychologique connues. C’est à peine s’ils reconnaissent comme valide expérimentalement la psychologie de la perception, en la critiquant, en la corrigeant et en poursuivant le fil de ses recherches. Ils publient fréquemment des attaques sur les fondements de nos recherches, nos traitements, nos manières de faire et nous accusent constamment d’être des charlatans qui promettent à leurs patients qu’ils se sentiront mieux grâce à une thérapie qui finalement s’échelonne toujours sur de nombreuses années à des frais astronomiques, où l’objectif du traitement est toujours seulement de rendre la personne « fonctionnelle » selon des critères qu’ils jugent absurdes, étant plus lié à l’ordre social qu’aux désirs et sentiments individuels du « patient », ce qui correspond vu notre idéologie au simple retour à l’emploi et à la vie familiale. Ils suggèrent que c’est principalement cet ordre social lui-même qui crée ces « maladies », qui sont finalement une manifestation plus aiguë chez certains individus plus sensibles de contradictions profondes dans nos valeurs et qu’il est inévitable qu’une vie de labeur, ressentie comme inutile dans une obéissance à des supérieurs, couplée à une vie de famille oppressante et souvent fort décevante, se manifeste par des comportements considérés déviants par la société responsable. J’en viens rapidement au point, mais quelques précisions encore. Ce n’est même pas qu’ils considèrent, comme nombre d’institutions plus arriérées dans nos pays, qu’il ne faut pas jouer avec les échanges chimiques subtils du cerveau. Au contraire, ils sont de ce point de vue beaucoup plus aventureux que nous ! D’abord, leurs lois et leurs mœurs leur permettent de faire des choses qui ne sont nullement envisageables ici. Par exemple, dans les recherches biologiques, dans les croisements génétiques, dans les expériences sur le clonage, les cellules souches, les réseaux de neurones en milieu artificiel, la bio-informatique, la robotique organique, les nanotechnologies — notamment dans ses possibles symbioses avec le vivant, et bien entendu dans la maîtrise et la compréhension de l’entièreté des échanges de neurotransmetteurs, de leurs effets, des transformations du caractère. C’est un véritable trésor que ce pays pour tous les véritables scientifiques, ceux qui cherchent avant tout à comprendre les variations comportementales, leurs causes et leurs effets physiques et psychiques, dans la mesure où on veut distinguer les deux précisément. Enfin, comme vous le présentez déjà, ils refusent complètement notre manière de concevoir notre discipline. Ce qui les intéresse en premier lieu, c’est la maîtrise et la compréhension la plus étendue possible de la psyché et du corps, non pas simplement théoriquement, pour faire un schéma parfait des organismes, mais dans ses variations, sa multiplicité, ses transformations actuelles, possibles et même, je sais que c’est tabou pour nous, ses améliorations. Ils ont donc développé des lieux réputés de par le monde dédiés entièrement à ce type de recherche à travers des expériences individuelles qu’ils appellent méditation, dans un sens bien plus général celui que celui que nous lui donnons. Il s’agit pour eux de faire un grand éventail d’essais et de méthodes pour orienter et transformer son propre esprit. Pour prendre une série d’exemples très simples, il peut s’agir d’un travail de visualisation le plus détaillé possible et une variation de plusieurs types d’images différentes pour détailler l’effet qu’a chacune sur ses sentiments ; de techniques verbales comme la répétition de maximes ou de mantras ; de l’escalade risquée d’un grand mont ; de la fréquentation de différents animaux pendant de longs laps de temps ; ou encore d’une solitude prolongée. Souvent, ces expériences sont accomplies de manière tout individuelle et font partie de recherches personnelles d’aucuns, favorisées par l’éducation très particulière des @ et par la curiosité, l’inventivité et l’audace qui en découle. Parfois, des spécialistes les suivent en pratiquant des batteries de tests psychométriques, psychologiques, neurologiques et neurochimiques. Je ne veux pas entrer dans les détails de leurs pratiques ici, mais je tenais à vous brosser un tableau rapide des activités scientifiques en @ et à vous montrer ce qui fait en sorte qu’il est impossible d’y vendre nos produits. Car ils conçoivent les sciences, comme d’ailleurs les arts, comme des champs dont il faut impérativement protéger l’autonomie, que ce soit dans la direction de leurs recherches ou dans le choix et l’évolution des méthodes. De leur point de vue, nous faisons précisément l’inverse et soumettons tous les champs sociaux à l’économie, ce qui a comme conséquence la disparition presque complète des sciences et des arts authentiques, qui sont remplacés par des domaines qui n’y ressemblent qu’en surface. C’est pourquoi la description sommaire de leur conception de la recherche en psychologie vous a semblé tout à fait divergente par rapport à ce que nous faisons ici. Vous vous êtes bien entendu demandé qui finançait toutes ces recherches, la question des subventions étant la plus importante ici. Cela me rappelle de vous féliciter du partenariat de financement qui vient d’être conclu avec les compagnies d’informatique et de jeux vidéos pour expérimenter les effets cognitifs de leurs derniers produits. Tout cela, dans leurs perspectives, mine la vraie recherche pour la remplacer par des expérimentations purement techniques visant des résultats souvent connus d’avance, car on ne finance de cette façon que ce qui a de bonnes chances de rapporter… / la suite manque. |